Chaque printemps, au moment où l’Adour s’anime sous l’effet des grandes marées, un rendez-vous ancestral reprend vie à Audon : la pêche de l’alose. Ce poisson migrateur, aux reflets métallisés bleus et verts contrastant avec le nacré de son ventre, remonte alors le fleuve pour rejoindre ses frayères, perpétuant un cycle naturel qui rythme la vie des audonnais depuis des générations.
Une pêche traditionnelle sur l’Adour
À Audon, la pêche à l’alose s’est longtemps pratiquée avec des engins adaptés au courant du fleuve, notamment une senne dérivante ou un "tioup" évoquée dans l’ouvrage Les secrets de l’Adour de Gilles Kerlorc’h. Les pêcheurs guettaient les bancs d’aloses qui, regroupées pour la reproduction, troublaient la surface de l’eau par leur agitation bruyante. Les captures venaient alors récompenser patience et savoir-faire.
L’alose, contrairement au saumon, peut revenir plusieurs fois dans sa vie pour se reproduire. Après la ponte nocturne, les œufs dérivent vers les fonds sablonneux avant d’éclore en quelques jours. Les jeunes grandissent dans les eaux calmes du fleuve, puis rejoignent l’océan, fidèles à leur cycle migratoire.
De la rivière à la table
À Audon, l’alose n’est pas seulement un poisson : elle est devenue une véritable spécialité culinaire. Cette notoriété, on la doit à Gaby Dartiguelongue, figure incontournable de l’auberge des Quatre Platanes, qui l’a préparée et servie pendant de nombreuses années. Sa recette, aussi réputée que son sens de l’accueil, a contribué à inscrire Audon sur la carte gastronomique des Landes.
Sous la municipalité de Roland Tastet, un hommage appuyé a été rendu à cette tradition : le carrefour du village a été baptisé « Carrefour de l’Alose », scellant l’attachement de la commune à ce poisson emblématique.
Une capitale landaise
Grâce à cette double identité – fluviale et culinaire – Audon a gagné le titre de « capitale landaise de l’alose ». Les articles de presse, notamment ceux parus dans Sud Ouest au fil des ans, témoignent de l’importance de cette tradition pour le village et pour le patrimoine des bords de l’Adour.
Aujourd’hui encore, la pêche de l’alose et sa dégustation (lors de la fête du village en mai) rappellent le lien fort qui unit la commune à son fleuve. Entre mémoire des anciens pêcheurs, convivialité des tablées et respect du cycle naturel, Audon perpétue une histoire où nature et culture s’entrelacent au fil de l’eau.
Aujourd’hui encore, si la pratique de la pêche a reculé, l’alose continue d’incarner un pan de la culture locale. Entre traditions fluviales et héritage culinaire, Audon reste fidèle à son titre de capitale landaise de l’alose.
